Bien-être de Nathan Hill
Jack et Elizabeth se rencontrent à Chicago en 1993. Tous deux sont jeunes et en rupture de leur famille, ils tombent amoureux et ne se lâchent plus. Il est photographe et finira par décrocher un poste à l’université ; elle est sociologue et travaille pour « la clinique du bien-être », une association fournissant des études sur le comportement humain à de multiples sociétés privées ou publiques.
On les retrouve 20 ans plus tard, en 2014, au moment où finalement, ils vont pouvoir s’acheter un logement à eux et où des choix d’aménagement de celui-ci doivent être effectués.
Elizabeth entend prévoir l’avenir (chambres séparées des fois qu’ils divorceraient), ce qui fait vaciller l’éternel amoureux romantique qu’est Jack.
Impossible de résumer en quelques lignes le foisonnement d’évènements, d’idées, d’humour, de situations familiales et professionnelles que recèle ce formidable roman. Via un jeu incessant d’allers et de retours entre les années ’90 et l’année 2014, Nathan Hill parle évidemment d’amour et de comment un couple traverse le temps, comment il vit l’arrivée d’un enfant, et comment cet enfant, qui n’est pas aussi parfait qu’Elizabeth le voudrait, affecte la relation amoureuse. Puis, au travers de tout cela, l’auteur brasse une quantité d’autres sujets, de la dépendance aux réseaux sociaux, de la perversité des algorithmes, des travers de l’éducation trop permissive, de la perte du naturel au profit d’un besoin de contrôle de nos vies et d’assentiment par les autres et, évidemment, de la primauté du profit économique sur tout le reste. D’une imagination réjouissante et d’une acuité incroyable sur notre époque, « Bien-être » prête aussi souvent à rire de nous-mêmes qu’à réfléchir sur la course de nos vies, c’est un très grand roman américain, à portée universelle.
-Nicolas